Un abonnement Adobe Creative Cloud complet, qui permet d’accéder à leur vingtaine d’outil coute 60€ par mois pour un utilisateur seul. Ça revient à 719€ par an, soit sur 10 ans 7190€. Et lorsqu’on passe en entreprise avec des employés à équiper, ça peut monter beaucoup plus haut. Il n’est pas possible de sélectionner seulement les outils dont vous avez besoins pour payer moins cher, sauf si vous n’avez besoin que d’un seul outil, ce qui vous coutera tout de même entre 12€ pour les petits et 24€ pour les gros, par mois. La majorité des utilisateurs comme moi en utilisent au moins 3 régulièrement : Premiere Pro, After Effect et Photoshop, soit même pas 20% du catalogue disponibles.
Adobe fait parti des grandes boites qui ont popularisé le système d’abonnement mensuel des logiciels. D’ailleurs, depuis quelques années, on accumule les abonnements et on ne possède plus vraiment nos outils, au même titre que l’on n’achète plus de DVD, voir pour certain de consoles ou d’ordinateurs, pour lesquels le principal argument est le tarif et l’accessibilité, ce qui pose des questions sur ce qu’est l’appartenance et la propriété.
Aujourd’hui je vous propose de voir pourquoi j’ai un soucis avec une de ces deux catégories mais pas forcément avec l’autre et voir s’il est possible de remplacer les logiciels Adobe totalement.
Netflix, Amazon Prime, maintenant même nos consoles et ordinateurs peuvent devenir des locations dématérialisée avec Stadia, Shadow le Cloud ou Playstation Now. Quand tous ces abonnements s’accumulent aux factures mensuelles classiques comme le téléphone, internet, l’électricité, le gaz, le loyer, on peut vite se retrouver englouti et à devoir faire un choix parmi les abonnements résiliables et donc dispensables, et lorsqu’on fait le total et qu’on se rend compte des sommes que l’on paye chaque moi, ça peut vite faire peur. D’ailleurs, je vais pas vous mentir, c’est ça qui m’a amené à me poser des questions sur les abonnements et ce qui était résiliable ou au moins remplaçable.
Arrive donc le moment du tri :
- Le téléphone portable, on peut baisser son forfait mais pas vraimentle résilier
- Internet est aussi devenu indispensable pour la plupart des gens
- Et le gaz, l’électricité et le loyer ne sont pas vraiment résiliable non plus
Du coup, on peut se tourner vers nos outils du quotidiens, professionnels ou non : abonnements divers, consoles et ordinateurs dématérialisés, outils et logiciels…
On pèse le pour et le contre :
Niveau ordinateurs et consoles, pour moi la dématérialisation n’est pas encore au point, tout comme celle des consoles. Déjà parce que dématérialiser totalement tout ce matériel c’est possible (même si ça tue le marché de l’occasion et l’accessibilité aux produits et ça cultive l’emprisonnement des utilisateurs sur des marketplace qui vous vendent des jeux plus cher qu’en version boite), mais aussi parce que ça demande d’avoir des serveurs parfaits et jamais surchargés, des lignes internet parfaites sans perte de stabilité, et que c’est des dispositions encore trop rarement accessibles même si ça se démocratise.
Il y a là pour moi ici deux problème, celui de la possession, et des limitations technologiques.
Alors si tout ça me dérange, je devrais donc pouvoir facilement me sortir de tous ces abonnements en prenant un PC à moi, une console physique, mes jeux en boite et à remplacer aussi les logiciels qui le peuvent par des logiciels à paiement unique ! Et tant qu’à faire, je pourrai donc remplacer Adobe par des alternatives moins couteuses. Non ?
Alors oui, des logiciels pour remplacer la suite Adobe, ça existe ! Vous avez par exemple Da Vinci Resolve qui permet de faire des montages très efficacement et qui est même souvent plus performant que Premiere Pro (et qui en plus est gratuit (!)), vous avez aussi Final Cut qui est en paiement unique, et bien d’autres comme Sony Vegas Pro, sans compter les logiciels de montage gratuits comme HitFilm, ou même Kdenlive.
Du côté du montage photo, je pourrai remplacer Photoshop et Illustrator par Affinity Photo et Affinity Designer qui coutent chacun une cinquantaine d’euros. Et rien qu’avec ça, je serai tranquille, plus d’abonnement mensuels pour toujours. Mais est-ce que c’est vraiment envisageable dans les faits ?
Le premier point à soulever c’est que souvent, les logiciels payants proposent des grosses mises à jours payantes, ne pas les prendre c’est se priver d’outils, de corrections importantes voir indispensables, donc on est sur un système finalement proche de l’abonnement. Mais admettons que tout marche, que j’ai prit par exemple DaVinci Resolve et le duo de logiciels d’Affinity et que je peux me passer des éventuelles mises à jours payantes. Est-ce que je pourrai totalement switcher ?
La base de données immense de tutoriel et le réapprentissage
Le premier frein c’est le plus évident, il va falloir réapprendre en grande partie les logiciel sur lequels on va migrer : les raccourcis claviers et les outils principalement. Et ça peut être très long et frustrant de réapprendre des choses que l’on sait parfaitement faire facilement ailleurs, voir même de devoir se passer de fonctionnalités ! En tant que pro, le temps c’est de l’argent, et le temps passé à réapprendre et à galérer avec les outils manquants pour lesquels il faut trouver une alternative à chaque fois, c’est des journées de perdues.
Les ressources de templates, de plugins et d’outils
Quand on se passe de Adobe, on va souvent devoir faire du bricolage pour obtenir les mêmes effets facilement, par exemple de transitions. Sur Premiere Pro, j’ai plusieurs abonnements pour avoir des transitions et templates que je place et que j’arrange comme je veux comme des transitions classiques de base du logiciel, sur Resolve si je veux importer des transition il faut bien plus souvent important des préconfigurations, et les réarranger à la frame près.
Bref, c’est souvent galère, mais si on fait des montages simples et qu’on n’est pas exigeant en terme d’effet, le problème ne se pose pas. Personnellement, en tant que monteur je ne peux pas dire à un client « non je ne peux pas faire ces transitions ou effets parce que c’est trop long ou dur », je vais donc devoir travailler encore plus, en plus du temps de réapprentissage et ce n’est pas envisageable pour le moment.
En plus de ça, la popularité de Premiere Pro et After Effect permet d’avoir la possibilité d’acheter ou de télécharger gratuitement de nombreux plugins et extensions voir templates pour faire des choses très complexes ou précises comme des effets de flammes spécifiques, la génération et l’utilisation d’éléments 3D, le texturing, l’animation de titres ou d’éléments, chose qui sera souvent bien plus complexe, limitée, voir impossible ailleurs.
La popularité et le travail coopératif
Premiere Pro et la suite Adobe sont surement les logiciels les plus utilisés au monde pour la vidéo et tout ce qui l’entoure, en tout cas pour la sphère internet. Ça s’explique par la facilité de le cracker mais également par sa prise en main simple et bien plus intuitive, par ses outils et la facilité du transfert de projets. Tout le monde travaille sur Adobe. Si un client me demande mon projet vidéo, je sais qu’il veut mon projet Adobe même sans le préciser, et en quelques clics je lui exporte et lui envoi le projet complet.
Lorsque je travaille avec d’autres personnes sur le même projet il est important de pouvoir s’envoyer les projets et travailler en coopération facilement dessus. Il existe même un plugin qui permet à votre client de voir en direct votre projet et d’y déposer des notes pour les corrections, bref c’est quelque chose qui est indispensable en tant que monteur, sauf si je ne montai par exemple que les projets que je filme moi même et que je ne partageais jamais mes projets. Mais ce n’est pas mon cas.
La compatibilité dynamiclink ET entre systèmes d’exploitations
Une autre grande force des outils Adobe est la connection Dynamic Link entre les logiciels qui communiquent ensemble en continu. Si j’ai besoin de faire une animation motion design sur une partie de la vidéo que je suis en train de monter sur Premiere, je fais un cache couleurs, clic droit, modifier dans After Effect et lors que je retourne sur Premiere ma création est déjà là. Je peux modifier en temps réel et améliorer le son de mon micro dans Adobe Audition également, là ou ailleurs pour faire la même chose je devrais ouvrir un autre logiciel spécifique, faire un rendu de mes modifications et les réimporter dans mon logiciel. Encore un gros gain de temps.
L’abonnement Creative Cloud prend enfin du sens
Alors est-ce que tout ça justifie le fait de devoir prendre un abonnement pour le Creative Cloud ? Déjà en grande partie oui, mais surtout depuis quelques temps cet abonnement prend tout son sens dans les outils qu’Adobe rajoute nativement et qui sont liés à des Stock Footage ou des musiques, templates… En gros une bibliothèque de Stock Footage ou de musiques ça donne accès à des vidéos, des musiques ou des templates gratuites ou payantes qui permettent d’illustrer facilement et rapidement et d’habiller ses vidéos, et c’est l’une des choses qui permet encore une fois de gagner pas mal de temps parce que lorsque pendant un montage j’ai besoin de faire un lower third, un titre en bas de l’écran qui donne le nom et la fonction d’une personne qui parle à l’image par exemple, je peux soit le faire moi même et l’animer, soit en récupérer un très bien et utilisable en 2 clics.
Adobe prend d’ailleurs de plus en plus d’avance sur ses concurrents en utilisant l’IA pour améliorer ses outils. Grâce à ça on peut maintenant faire des détourages sur Photoshop en 1 clic, on peut faire de la rotoscopie plus efficacement et rapidement que jamais avec rotobrush 2 sur After Effects et ça continu de s’améliorer pour laisser la créativité prendre la place des phases redondantes mais obligatoires.
En plus de ça, Adobe est en train d’adapter ses logiciels pour smartphone et tablette, on se dirige de plus en plus vers un monde dans lequel on pourra faire nos montages vidéos complexes en mobilités sur de petits écrans discrets n’importe où, en synchronisant ces projets sur tous nos appareils pour pouvoir reprendre et continuer ses travaux n’importe où n’importe quand, là où chez les autres solutions ce sera ordinateur et rien d’autre, en tout cas rien d’autre de simple qui ne nécessite pas de faire des rendus et d’exporter puis de réimporter, refaire des coupes, etc …
Alors, est-ce qu’après avoir vu tout ça un abonnement Creative Cloud peut-être remplacé par des alternatives ? Si on est vidéaste indépendant travaillant de façon solitaire, si on n’a pas besoin de faire des effets, du motion desig, de la 3D, ou que les templates disponibles pour notre ou nos logiciels nous suffisent, et que nos clients n’ont pas besoin de récupérer les projets, c’est tout à fait possible, mais dès que l’on souhaite gagner du temps et avoir accès à une large base de données, d’outils, de templates, extensions et plugins qui permettent d’aller beaucoup plus vite et beaucoup plus loin, Adobe est et reste, voir devient de plus en plus un incontournable.
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